Janvier 1996 - Janvier 2016
Mahamane Ousmane, candidat à la présidentielle, 20 ans après avoir été renversé
Il y a 20 ans, le président nigérien Mahamane Ousmane était victime d'un coup d'État. Il est aujourd'hui à nouveau candidat à la magistrature suprême lors du scrutin prévu le 21 février prochain.
Chef d’État fragilisé et finalement renversé, le 27 janvier 1996
Depuis janvier 1995, le camp de Mahamane Ousmane, élu en 1993 premier président de l’ère du multipartisme, est en pleine période de cohabitation après la victoire aux législatives du Mouvement national pour la société de développement (MNSD). Le parti du chef de l’État, la Convention démocratique et sociale (CDS), se retrouve dans l'opposition avec 24 sièges, contre 29 au MNSD, sur 83. Cette fragilité politique, à laquelle se greffe une difficile situation économique, incite les militaires à prendre le pouvoir et à le renverser le 27 janvier 1996. Ils dissolvent le gouvernement, alors dirigé par Hama Amadou, Premier ministre, et composent un Comité de salut national dont le nouveau président sera le colonel Ibrahim Baré Maïnassara.
Candidat arrêté et assigné à résidence à la présidentielle de 1996
À la suite du coup d’État du 27 janvier 1996, une élection présidentielle est organisée, en juillet suivant. Ibrahim Baré Maïnassara se fait élire, sans surprise, au premier tour avec 52% des voix. L'opposition contestera cependant la validité de cette élection. Candidat de la CDS, Mahamane Ousmane est arrêté et assigné en résidence surveillée le 8 juillet 1996 après la dissolution de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) en pleine élection. Selon la Cour suprême, il aurait obtenu 19,75% des suffrages exprimés, et obtiendrait la deuxième position derrière Ibrahim Baré Maïnassara.
Membre du Conseil consultatif national lors du coup d’État de 1999
Les résultats de l’élection de 1996 restent vivement contestés par l’opposition, représentée par le Front pour la restauration et la défense de la démocratie (FRDD), dont Mahamane Ousmane est l'un des principaux animateurs. Brièvement arrêté en janvier 1997 après de violentes manifestations, il poursuit néanmoins son combat. En avril 1999, en tant qu’ancien chef de l’État, il est nommé membre du Conseil consultatif national, mis en place au lendemain du coup d’État d’avril 1999, dans lequel le président Ibrahim Baré Maïnassara est assassiné.
Candidat et faiseur de rois à la présidentielle 1999
Investi le 13 août 1999 candidat de la CDS pour la présidentielle d’octobre 1999, il obtient la troisième place avec 22,51% au premier tour, derrière Mamadou Issoufou, du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) (22,79%) et Mamadou Tandja, du Mouvement national pour la société de développement (MNSD) (32,33%). Dans la position de faiseur de rois, il soutient, au sein d’un collectif de quinze autres partis politiques, Mamadou Tandja pour le second tour et contribue ainsi à son élection à la présidence.
Président de l’Assemblée nationale en 1999
Élu le 24 novembre 1999 député pour la circonscription de Zinder sur une liste présentée par la Convention démocratique et sociale, Mahamane Ousmane accède à la présidence de l’Assemblée nationale. Fort du soutien des partisans de Mahamadou Tandja, il réunit 55 voix pour, 1 contre et 27 abstentions. Aucune autre candidature ne s’était alors manifestée pour briguer le perchoir, qu’il occupera jusqu’en 2009.
Candidat à la présidentielle en 2004
Mahamane Ousmane repart à la conquête du fauteuil présidentiel en 2004. Une nouvelle fois investi candidat de la Convention démocratique et sociale, il termine une nouvelle fois à la troisième place (17,43%), dans un « remake » du scrutin de 1999. Une nouvelle fois dans la position du faiseur de rois, il soutient Mamadou Tandja, arrivé en tête à l’issue du premier tour 40,67%, contre Mahamadou Issoufou (24,60%). Ce dernier échoue donc au second tour, pour la seconde fois.
Réélu président de l’Assemblée nationale, jusqu’à la dissolution de 2009
Sans surprise, il est réélu président de l’Assemblée nationale en 2004. Cette aventure s’achève toutefois avec la dissolution de l’institution, hostile au "tazarché" de Mamadou Tandja, qui souhaite se maintenir au pouvoir en appelant à un référendum et en modifiant la limite constitutionnelle de deux mandats présidentiels. Même allié de la majorité présidentielle, la Convention démocratique et sociale de Mahamane Ousmane, alors deuxième force politique au Niger, finit par lâcher Mamadou Tandja, qui est finalement renversé par le coup d’État de Salou Djibo, le 18 février 2010.
Encore candidat en 2011
Mahamane Ousmane est de nouveau candidat de la CDS pour la présidentielle, le 31 janvier 2011. Habitué au rôle de faiseur de rois, qui lui a assuré un pouvoir politique incontournable depuis plus d’une décennie, il va cependant essuyer un échec de taille en ne se classant que troisième au premier tour, avec 8,42% des voix. Il est devancé par Mahamadou Issoufou (36,06%), Seini Oumarou (23,24%) et Hama Amadou (19,82%). Mahamane Ousmane choisit de soutenir Seini Oumarou, candidat du Mouvement national pour la société et le développement et, de fait, héritier de Mamadou Tandja. Un pari perdant puisque Mahamadou Issoufou remporte le second tour.
Exclu de la Convention démocratique et sociale fin 2015
Alors que son influence a diminué après l’élection présidentielle de 2011, Mahamane Ousmane subit de plus en plus d’opposition au sein de son propre parti, la Convention démocratique et sociale. Alors qu’il avait réussi à maîtriser les frondes de Hamid Algabit, de Cheiffou Amadou ou de Souley Abdoulaye, son ancien Premier ministre, qui ont tous quitté la formation, c’est celle d’Abdou Labo qui va provoquer un nouveau coup dur. Empêtrée dans une guerre de légitimité entre les camps Labo et Ousmane, qui réclame la direction depuis 2013, la CDS va notamment passer l’année 2015 à se déchirer, jusque devant les tribunaux. L’enjeu est de taille : ancien ministre de l’Agriculture de Mahamadou Issoufou, Abdou Labo, est un soutien potentiel du président sortant pour la présidentielle de 2016, tandis que Mahamane Ousmane penche davantage pour l’opposition. Après de multiples rebondissements, le leader historique Mahamane Ousmane est finalement exclu de la CDS le 14 novembre 2015, à l’issue d’un congrès lors duquel Abdou Labo est investi candidat à la présidentielle de 2016.
Candidat surprise du MNRD pour la présidentielle de 2016
Mahamane Ousmane qui accuse toujours le régime de Mahamadou Issoufou d’avoir orchestré son éviction de la Convention démocratique et sociale, n’abandonne pas pour autant ses ambitions présidentielles. Ce faisant, il cherche surtout à contrecarrer les plans de Mahamadou Issoufou, qui concourt pour sa réélection. À la recherche d’une formation politique qui soutiendrait sa candidature, il se rapproche du Mouvement des nigériens pour le renouveau démocratique (MNRD), jeune formation politique créée il y a juste trois ans. Celle-ci l’a investi fin décembre 2015 à Niamey candidat du prochain scrutin présidentiel.
CRÉDITS
Une timeline de Mathieu Olivier
Code: Jean Abbiateci et Libédata
Iconographie: J.A.
Photos: AFP, J.A.