Fuite de Blaise
Blaise Compaoré démissionne et quitte Ouagadougou, laissant derrière lui une ville envahie par des manifestants qui réclament qu'il quitte le pouvoir. Exfiltré vers Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, avec l’aide de militaires français, l’ancien président burkinabè vit désormais en exil à Abidjan, dans une confortable résidence d’État mise à sa disposition par les autorités ivoiriennes.
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Zida, chef de l'État
Au lendemain de la démission de Blaise Compaoré, le lieutenant-colonel Isaac Zida, numéro 2 du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), s'autoproclame "chef de [la] transition et chef de l'État". L'officier déclare également "caduques" les déclarations du général Nabéré Honoré Traoré, chef de l'état-major des armées. Ce dernier avait annoncé la veille qu'il assumerait les "responsabilités de chef de l'État".
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Fin de la transition militaire
La transition militaire n'aura duré que 15 jours. Dans la nuit du 16 au 17 novembre en effet, un collège de désignation ad hoc parvient à se mettre d'accord sur le choix du président de la transition : Michel Kafando, 72 ans. Quarante-huit heures plus tard, cette figure de la diplomatie burkinabè nomme le lieutenant-colonel Isaac Zida au poste de Premier ministre.
Premier faux pas
Très rapidement, un gouvernement de 26 ministres dont 4 militaires est mis en place. Mais un nom dérange : Adama Sagnon, nommé ministre de la Culture et du Tourisme. Il fut procureur sous l'ère Compaoré et plusieurs de ses compatriotes lui soupçonnent d'avoir "enterré" le dossier Norbert Zongo, journaliste qui enquêtait sur le meurtre de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, et qui mourut assassiné en décembre 1998. Sous la pression de la société civile, Adama Sagnon démissionne. Vingt-heures seulement après sa nomination.
RSP réclame la tête de Zida
La transition burkinabè est tout près de dérailler. Le puissant RSF, conduit par le général Gilbert Diendéré et le colonel-major Boureima Kéré, engage un bras de fer avec le Premier ministre Zida et réclame sa démission. Il reproche à ce dernier de n'avoir pas tenu promesses, notamment au sujet de leurs trois principales revendications : la non-dissolution de leur régiment, le paiement de leur bonus de fin d’année, et le remplacement de Théophile Nikiéma, un commandant proche de Zida nommé chef d’état-major particulier de la présidence au détriment d’officiers de rang supérieur. La crise est désarmorcée notamment grâce à la médiation de Mogho Naba, le roi des Mossis, et de Michel Kafando, président de la transition.
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L'affaire Sankara ressuscitée
Le gouvernement de transition adopte un décret "portant autorisation d’exhumation et d’expertises des restes du président Thomas Isidore Noël Sankara". Une décision qui donne la permission aux ayants droit de l’ancien chef de l’État "d’ouvrir la tombe supposée contenir son corps et de faire procéder à toutes expertises nécessaires à l’identification".
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"Opération nettoyage"
Huit partisans et anciens ministres du président déchu sont arrêtés. Parmi eux figurent trois membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré : Salif Kaboré, Jérôme Bougouma, et Jean-Bertin Ouédraogoe. Au même moment, le Conseil national de transition adopte un nouveau code électoral controversé qui rend "inéligibles" les personnes ayant "soutenu un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de l’alternance démocratique" et exclut les partisans de Blaise Compaoré des élections présidentielle et législatives prévues le 11 octobre suivant. Dans la foulée, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti du président déchu, et ses alliés de l’ancienne majorité présidentielle claquent la porte des organes de transition dans lesquels ils étaient représentés.
Nouveau chef au CDP
À l'issue d'un congrès ordinaire organisé à Ougadougou, Eddie Komboïgo est placé à la tête de l'ancien parti au pouvoir. Sa mission principale : tenter de relancer une formation politique en perte de vitesse depuis la chute de Blaise Compaoré.
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"Vrai-faux" complot
Des tirs sont entendus dans la caserne Naba Koom, fief du RSP situé derrière le palais présidentiel de Kosyam. C'est une nouvelle crise qui oppose le RSP au Premier ministre de transition. Cette fois, c'est l'interpellation de trois officiers de la garde présidentielle, suspectés d'avoir voulu arrêter Isaac Zida à son retour de Taïwan, qui a failli mettre le feu aux poudres.
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"Roch", candidat
Roch Marc Christian Kaboré, 58 ans, est investi candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) à l’élection présidentielle.
Code électoral retoqué
Saisie par sept partis politiques de l'ancienne majorité, la Cour de justice de la Cédéao invalide le code électoral promulgué par les autorités de transition burkinabè et ordonne le Burkina Faso "de lever les obstacles" qui restreignent "le droit de libre participation aux élections".
Coup de force du RSP
Confusion à Ouagadougou. Des militaires du RSP débarquent au palais de Kosyam où se tient un conseil des ministres et séquestrent le président Michel Kafando, le Premier ministre Isaac Zida, et de deux ministres (de la Fonction publique, Augustin Loada, et del’Urbanisme, René Bagoro). Très rapidement, le général Gilbert Diendéré, 55 ans, est présenté comme le chef des putschistes et président du "Conseil national pour la démocratie". Un coup d'État finalement avorté après plusieurs jours de tractation et l'intense pression de la communauté internationale.
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RSP dissous
Dès leur premier conseil après le coup d'État avorté, les ministres burkinabè de transition ont dissous le RSP, régiment à l'origine du putsch. C'est la disparition d'un corps d'élite de 1 300 hommes qui a été la garde prétorienne de l'ancien président Blaise Compaoré.
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Report des élections
Initialement prévu le 11 octobre mais reporté en raison du coup d’État manqué du général Gilbert Diendéré et des militaires de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP), le premier tour des élections présidentielle et législatives est désormais fixé au dimanche 29 novembre par les autorités de transition réhabilitées.
Diendéré inculpé
Le général Gilbert Diendéré, qui a pris le 17 septembre la tête de la tentative de coup d’État contre le régime de transition, est officiellement inculpé de "crime contre l’humanité" et de dix autres chefs d’inculpations, dont "attentat à la sûreté de l’État" ou encore "haute trahison". Suspecté d'être le complice de ce chef des putschistes, Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, est également poursuivi pour six chefs d'inculpations. Il aurait été en effet en contact téléphonique avec Diendéré, mais aussi avec Guillaume Soro, le président de l'Assemblée nationale ivoirienne.
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Élections historiques
Un peu plus d'un an après la chute de Blaise Compaoré, les Burkinabè se rendent aux urnes pour les élections présidentielle et législatives. Des scrutins historiques qui tournent définitivement la page des 27 ans qu'a passés Blaise Compaoré au pouvoir.
"Roch" élu président
Roch Marc Christian Kaboré est élu président de la République dès le premier tour avec 53,49 % des voix. Le candidat du MPP devance largement Zéphirin Diabré, son rival de l'UPC, deuxième avec 29,65 % des voix, selon les résultats provisoires. Ces derniers placent également le parti de Kaboré en tête des législatives.
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